Insister sur le présent durant le Mois de l’histoire des Noirs : une réflexion personnelle

« Tant que nous n’aurons pas toutes réussi, personne d’entre nous n’aura réussi. »
 – Rosemary Brown
(Première femme noire élue à une assemblée provinciale législative au Canada)


Taïna Mayberry, coordonnatrice des Programmes pour les jeunes à l’AOSAE, partage des réflexions personnelles sur le Mois de l’histoire des Noirs.

Ce que signifie pour moi la célébration du Mois de l’histoire des Noirs

Selon moi, chaque mois est le Mois de l’histoire des Noirs (MHN). Il n’y a pas de mois où ma fierté d’être Noire s’atténue, où je suis moins une femme noire que durant le reste de l’année. Cela dit, il y a de nombreuses façons de célébrer le MHN. Ce qui est important, c’est d’y réfléchir : Qui cela touche-t-il? Dans quelle mesure est-il inclusif? Est-il culturellement approprié?

Selon moi, le MHN est une occasion d’avoir des discussions avec des personnes qui ne discutent pas habituellement de ce sujet. La célébration du MHN renforce aussi l’importance des activités auxquelles je tente de participer toute l’année : appuyer les entreprises détenues par des Noirs, participer à des événements communautaires et écouter mes ancêtres qui ont tracé la voie avant moi.

Le Mois de l’histoire des Noirs : un contexte canadien

On associe souvent le MHN à la reconnaissance de personnes comme le Dr Martin Luther King Jr., Harriet Tubman et Rosa Parks. Bien que ces personnes soient extrêmement importantes, je suis consciente que la plupart des personnes qu’on célèbre durant le MHN sont des Américains. J’encourage les Canadiens à reconnaître aussi les Afro-Canadiens qui ont contribué grandement à notre pays. Lorsque nous célébrons le MHN selon une perspective locale, cela devient plus personnel et pertinent.

Les Afro-Canadiens qui m’inspirent

En tant que Canadienne d’origine haïtienne, je suis inspirée par Michaëlle Jean, l’ancienne gouverneure générale du Canada (2005-2010), qui est venue au Canada en tant que réfugiée d’Haïti à l’âge de 11 ans. J’ai eu l’honneur de la rencontrer durant une sortie scolaire à Ottawa.

Les événements du MHN qui font une différence

J’ai aussi fait du bénévolat la semaine dernière à l’événement BHM Celebration: Returning to Our Roots, Youth Voices Leading the Change, tenu par le comité de sensibilisation à l’éducation des Noirs de la Société de l’aide à l’enfance de Toronto. L’événement se concentrait sur la façon dont les jeunes Noirs d’aujourd’hui sont soucieux d’en apprendre sur leur histoire vaste et riche, qui les aidera dans leur développement d’une image positive de soi et leur inculquera le souhait de s’épanouir et de réussir.

Le Mois de l’histoire des Noirs : disons-le… du racisme

Un autre aspect auquel je réfléchis est la fréquence à laquelle le MHN insiste sur des événements clés survenus avant ou durant le mouvement des droits civils. Bien que ces époques soient cruciales dans l’histoire des Noirs et qu’elles aient tracé la voie à notre situation présente, le fait d’insister seulement sur le passé peut perpétuer ou produire plusieurs effets négatifs :

  • L’esclavage est considéré comme étant la seule façon dont un groupe peut être opprimé, même si l’oppression revêt de multiples formes.
  • L’histoire des Noirs est considérée comme ayant débuté à l’époque de l’esclavage, même s’il y a une histoire riche et dynamique au-delà de cela.
  • Le racisme est considéré comme étant un enjeu du passé qui a été « résolu ».
  • Les conversations sur la façon d’aborder les enjeux actuels liés à la race et au racisme sont réduites au silence.
  • Le lien entre les enjeux passés et présents liés aux disparités sociales est négligé.

Il peut être difficile de parler des enjeux actuels liés au racisme et aux formes combinées d’oppressions subies par les Afro-Canadiens ayant plus d’une identité marginalisée (p. ex., LGBTQ+, faible revenu et handicap). Parallèlement, ces enjeux ne disparaissent pas lorsqu’ils ne sont pas nommés ou défiés. Il existe plusieurs trousses et ressources appropriées à l’âge pour entreprendre ces conversations importantes :

Peu importe la forme que prend votre MHN, je vous encourage à être conscients de vos gestes et à bénéficier de la belle harmonie de la célébration et d’une réflexion significative.

Bon Mois de l’histoire des Noirs!

-Taïna

Taïna est une travailleuse sociale agréée (maîtrise en travail social) ayant de l’expérience en engagement des jeunes, coordination de programmes pour les jeunes, facilitation d’ateliers de psychoéducation et interventions cliniques. Elle a recours à des pratiques antioppressives, fondées sur les forces et équitables dans l’ensemble de son travail. Dans ses temps libres, Taïna aime passer du temps avec son chat, lire, faire du saut au trampoline et voyager.