La fermeture des écoles, des centres de la petite enfance ainsi que de nombreux espaces communautaires que les enfants et les familles utilisent signifie que l’accès aux réseaux de soutien et à des adultes aidants en dehors du domicile familial est limité. Si vous intervenez auprès d’enfants, de jeunes et de familles durant la pandémie, sachez que ce travail est significatif, et que vous êtes bien positionnés pour aider un enfant dans le besoin ou appuyer les familles.
La recherche continue de démontrer que les familles éprouvent des difficultés en raison de la pandémie. Des rapports récents indiquent que la pandémie a entraîné une augmentation des taux de dépression et d'anxiété chez les Canadiens, ainsi qu'une augmentation des troubles de l'alimentation chez les jeunes (COVID-19 pandemic led to stark rise in depression, anxiety: study; 'I stopped eating': Rise in eating disorders seen among Ontario youth during pandemic).
L'Association ontarienne des sociétés de l'aide à l'enfance (AOSAE) et l’Association of Native Child and Family Services Agencies of Ontario (ANCFSAO) ont élaboré une ressource pour aider leurs partenaires communautaires à s’informer auprès des enfants et des jeunes qu’ils servent, à les engager dans des conversations sur leur bien-être holistique, ainsi qu’à les appuyer s'ils doivent demander de l'aide.
Comme toujours, si vous avez des préoccupations relatives à la sécurité ou au bien-être d'un enfant ou d'un jeune de moins de 16 ans, vous avez le devoir d’en faire rapport à votre Société d’aide à l’enfance ou agence du bien-être de l’enfance et de la famille autochtone locale. En vertu de la LSEJF (par. 125(4)), une personne peut faire rapport relativement à un enfant de 16 ou 17 ans, si elle soupçonne qu’il a besoin de protection, bien que la loi ne l’exige pas.
Toutes les sociétés d'aide à l'enfance et agences du bien-être de l’enfance et de la famille autochtones offrent des services durant la pandémie de COVID‑19.
Vous trouverez la liste complète des coordonnées des agences locales ici : www.oacas.org/trouver
Considérations importantes
Signalement exagéré des familles autochtones et des familles afro antillaises canadiennes dans le système du bien-être de l’enfance
La surreprésentation des enfants et des jeunes autochtones découle des injustices historiques infligées aux communautés des Premières nations, Métis et Inuits par le gouvernement canadien et les systèmes du bien-être de l’enfance provinciaux. Ces injustices incluent les pensionnats et la Rafle des années 1960. Cet héritage colonial s’est traduit par la détérioration des communautés, des traumatismes intergénérationnels et la surreprésentation des enfants autochtones dans le système du bien-être de l’enfance. La surreprésentation et l’iniquité dans les résultats pour les familles afro-antillaises canadiennes ayant affaire aux agences du bien-être de l’enfance découlent du colonialisme et du racisme systémique. Les enfants afro-antillais canadiens sont deux fois plus susceptibles d’être signalés à une Société d'aide à l'enfance (SAE), mais ne sont pas plus susceptibles que tout autre groupe d’enfants de subir des mauvais traitements.
Les stéréotypes ayant trait à la pauvreté peuvent aussi mener à des signalements exagérés. Bien que la pauvreté soit un facteur de risque pour les enfants et les jeunes, elle n’est pas une cause de mauvais traitements à l’égard des enfants.
Comment vérifier vos biais
Parce que les partenaires communautaires peuvent représenter des liens essentiels dans la vie d’un enfant, d’un jeune ou d’une famille, il est crucial qu’ils comprennent la surreprésentation dans le système du bien-être de l’enfance et la façon dont elle se produit.
Les biais personnels et systémiques ainsi que les stéréotypes peuvent avoir un impact sur la décision d’appeler une SAE. Par exemple, les comportements des enfants et des jeunes afro‑antillais canadiens en réaction aux microagressions, à l’intimidation raciale de la part des pairs ou à de la marginalisation à l’école sont parfois incorrectement vus comme étant le reflet des problèmes à la maison. Des facteurs comme l’ethnicité, la religion, la structure familiale et l’histoire influencent les pratiques familiales. Les pratiques d'éducation des enfants varient d'une famille et d’une culture à l'autre. Il existe diverses pratiques d’éducation des enfants qui ne sont pas préoccupantes, mais diffèrent des vôtres. Pour que les partenaires communautaires vérifient leurs biais, on les encourage à « voir autrement ». En d’autres mots, appelleraient-ils s’il s’agissait d’un enfant blanc et riche? Nous suggérons aussi de vous entretenir avec des collègues pour vérifier les préjugés personnels et discuter de la situation selon plusieurs perspectives.
Protection des renseignements personnels et Devoir de faire rapport
Un document intitulé « Oui, vous pouvez. Réfutation des mythes liés au partage d’information avec les sociétés d’aide à l’enfance », publié par le Bureau du commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario, est un rappel crucial qu’un appel à une SAE ne constitue pas une violation de la protection de la vie privée lorsqu’il s’agit de préoccupations relatives à la sécurité d’un enfant ou d’un jeune. En fait, les professionnels qui travaillent avec des enfants et des jeunes ont une responsabilité particulière, tel que l’énonce la Loi sur les services à l’enfance, à la jeunesse et à la famille, d’assurer la sécurité et le bien-être des enfants et des jeunes. Obtenez plus d’information sur le Devoir de faire rapport ici : http://www.oacas.org/fr/sae-et-protection-de-lenfance/devoir-de-faire-rapport/.
Stratégies pour travailler avec des enfants et des jeunes dans des espaces virtuels
Informez-vous régulièrement auprès des enfants et des jeunes, en ligne ou par téléphone, si vous pensez que l'accès à la technologie pourrait être un obstacle.
- Demandez aux jeunes comment ils se débrouillent et ce qu'ils ressentent, en utilisant des questions ouvertes comme :
- Comment vas-tu? Depuis le début de la COVID-19, as-tu remarqué un changement dans tes sentiments de bonheur ou de malheur? Y a-t-il un changement dans la façon dont tu te sens par rapport à toi (estime de soi)?
- Peux-tu me décrire comment tu te sens? Raconte-moi une histoire sur quelque chose qui te rend heureux/triste, ou fais-moi un dessin pour m’aider à comprendre ce que tu penses.
- Qu’est-ce que tu trouves le plus difficile au sujet de la COVID-19? Quelle est la meilleure partie?
- Si tu avais 2 souhaits en ce moment, quels seraient-ils?
- Quels espoirs as-tu pour demain?
- Créez des occasions pour que les enfants et les jeunes puissent vous raconter leur vie à la maison à l’aide de conversations, d’art et de jeux, en groupe et de façon individuelle si l’environnement le permet.
- Observez, écoutez et portez attention à la façon dont l'enfant ou le jeune se porte : Semble-t-il bien se porter? Avez-vous des inquiétudes ou des préoccupations quant à la façon dont il paraît? Si vous le connaissiez avant la COVID-19, avez-vous observé une différence dans leur affect ou leur présentation? Voyez-vous des signes de problèmes de santé mentale, de mauvais traitements ou de négligence comme :
- des blessures physiques;
- une participation faible ou nulle durant de longues périodes;
- expression importante de souci ou d’inquiétude;
- aucun contact avec une famille après de nombreux appels ou messages téléphoniques répétés;
- un affect aplati ou une présentation retirée s'il y a communication vidéo.
- La COVID-19 a un impact différent sur les familles et les communautés autochtones en raison des antécédents de maladie, du retrait des enfants et de l'isolement géographique. La sécurité alimentaire, la connectivité, l'accès aux appareils, la capacité des familles, les relations avec l'école et les enseignants, ainsi que les déterminants sociaux de la santé, peuvent tous avoir un impact sur l’engagement des enfants et des jeunes dans les activités et les programmes. De nombreuses familles sont retournées dans leur nation ou pourraient avoir emménagé dans leur famille élargie. Lorsque vous n’arrivez pas à joindre une famille qui devrait normalement participer à vos programmes après que vous ayez essayé plusieurs moyens, vous devriez faire une vérification du bien-être. Cette démarche peut être appuyée par une agence du bien-être de l’enfance et de la famille autochtone (les coordonnées de ces agences sont disponibles ici : oacas.org/trouver).
- Vous trouverez une liste des ressources disponibles pour appuyer les familles des Premières nations, Inuits et Métis ici : http://www.oacas.org/fr/ressources-covid-19/
Faites savoir aux enfants et aux jeunes que vous êtes là pour les aider.
- Rappelez aux jeunes que vous êtes là pour eux et encouragez-les à communiquer avec vous s'ils ont besoin de soutien. Assurez-vous qu’ils savent comment vous joindre s’ils ont besoin de vous.
- Reconnaissez qu'il peut être difficile de demander de l'aide, mais faites-leur savoir qu'il est important de le faire. Reconnaissez qu'il se peut qu'ils ne sachent même pas exactement ce pour quoi ils ont besoin d'aide ou que cela soit difficile à définir, mais dites-leur que vous pouvez y arriver ensemble.
- Informez-les de toute aide additionnelle disponible par l'entremise de votre organisme ou d’autres ressources communautaires pouvant être accessibles de manière anonyme et en dehors des heures de bureau. Reportez-vous à http://www.oacas.org/fr/ce-que-nous-faisons/communications-et-engagement-du-public/ressources-covid-19/ pour trouver des ressources qui pourraient aider.
Aidez les enfants et les jeunes à rester en bonne santé et en sécurité en ligne.
- Incluez dans vos interactions et vos séances de l’information sur les risques liés à la sécurité en ligne, ainsi que des stratégies pour aider les jeunes à se protéger lorsqu'ils sont en ligne.
- Encouragez les jeunes à rester en contact avec leurs amis, leur communauté et leurs groupes identitaires à l’aide des technologies numériques, et aidez-les à faire ces liens.
- Rappelez aux jeunes l'importance de trouver un équilibre sain en limitant leur temps d'écran et leur consommation d'informations. Consultez http://www.oacas.org/fr/ressources-covid-19/ pour connaître des ressources qui peuvent aider.
Promouvez une santé mentale positive, les soins personnels et le bien être.
- Insistez sur l'importance des soins personnels durant cette période et parlez de bien-être si ou quand l’occasion se présente.
- Travaillez avec les jeunes pour déterminer les stratégies qu'ils peuvent utiliser pour bien s’en sortir, gérer leur stress et régulariser leurs émotions.
- Parlez de stratégies pour diverses façons de s’en sortir, comme le sommeil, l’alimentation, la prise de conscience et l’activité physique.
- Le carrefour d’apprentissage Sick Kids a des conseils et des ressources pour aider à favoriser la santé mentale des enfants durant la pandémie de COVID-19.
Engagez les familles dans la démarche.
- Parlez aux familles et aux personnes responsables de la façon dont les choses se passent à la maison, et reconnaissez le stress et l'incertitude que la COVID-19 entraîne.
- Reconnaissez que communiquer de façon virtuelle peut être difficile pour tout le monde, et parlez des façons dont on peut optimiser ce nouveau moyen de travailler.
- Incitez à la souplesse dans la mesure du possible, et encouragez les personnes responsables à communiquer avec vous si elles ont besoin de soutien ou d'orientation vers des ressources.
Pour obtenir de l’aide afin d’optimiser les visites virtuelles, consultez notre ressource intitulée Considerations for Virtual Work.