Des jeunes célèbrent le Jour des enfants et des jeunes pris en charge à l’Hôtel de ville de Toronto – et réclament plus de possibilités de se faire entendre

En ce cinquième anniversaire du Jour des enfants et des jeunes pris en charge de l’Ontario, plus de cent jeunes et anciens jeunes pris en charge, ainsi que leurs intervenants, se sont rendus à l’Hôtel de ville de Toronto pour participer à une « Journée civique des jeunes ». L’AOSAE s’est jointe à l’Intervenant en faveur des enfants de l’Ontario pour tenir l’événement, qui mettait l’accent sur la promotion de l’engagement des jeunes dans la vie publique.

« Notre objectif était de mettre l’accent sur des activités amusantes et interactives qui sensibilisaient les gens au pouvoir de l’engagement des jeunes dans leur communauté, ainsi qu’au pouvoir de voter, compte tenu particulièrement des prochaines élections provinciales », déclare Taïna Mayberry, coordonnatrice des Programmmes pour les jeunes, à l’AOSAE, et coorganisatrice de l’événement. « Cette année, nous avons tenu l’événement dans la salle du conseil de l’Hôtel de ville de Toronto plutôt qu’à l’Assemblée législative de l’Ontario, en sachant que cet espace avait moins de restrictions à l’égard des visiteurs et permettrait aux jeunes de participer de façon plus pratique et interactive. Nous les avons encouragés à réfléchir à l’avance aux sujets importants qu’ils voulaient défendre au cours de la journée. »

Le thème de la Journée civique des jeunes était #standupforwhat?! On encourageait les jeunes à porter des t-shirts affichant des graphiques qui reflétaient les enjeux sociaux qui leur importaient, ce qui aurait été impossible de faire à l’Assemblée législative.

 

 

Les présentations de la Journée civique des jeunes insistent sur le pouvoir de la voix des jeunes

Les prochaines élections provinciales de l’Ontario ont fourni un contexte important pour la journée, l’objectif étant de sensibiliser les jeunes au sujet de leur droit de voter et de la façon de s’y prendre pour aller voter. Dans sa présentation, Greg Essensa, directeur général des élections de l’Ontario, a montré à quel point la participation électorale a constamment diminué au cours des décennies. « Si vous votez au même taux que vos parents et vos grands-parents, vous serez certainement en mesure de produire des changements », a-t-il mentionné aux participants pour les encourager. On a offert aux jeunes la possibilité de participer à une simulation de vote; par l’entremise du vote, ils déterminaient que le logement abordable était l’enjeu social qu’ils jugeaient le plus pressant. Les jeunes ont aussi pu s’inscrire aux prochaines élections à une table d’Élections Ontario. Le parti libéral de l’Ontario, le parti progressiste‑conservateur de l’Ontario et le Nouveau Parti démocratique de l’Ontario avaient aussi des tables où ils distribuaient du matériel de leur parti aux jeunes.

Kevin Modeste et Velma Morgan, d’Operation Black Vote Canada, un organisme voué à l’élection accrue de politiciens noirs, a encouragé les jeunes a croire qu’il existe de réelles possibilités de faire une différence en politique. « À quoi pensez-vous lorsque je prononce le mot ‘’politique’’? », a demandé M. Modeste. Les jeunes ont répondu : « des choses ennuyantes », « une bande de gars en habit », et « des gens qui n’écoutent pas ce que sont vraiment nos opinions ». M. Modeste leur a répondu « Gardez l’esprit ouvert sur la façon dont vous pouvez faire une différence dans votre espace », et leur a donné des conseils pratiques sur les façons de joindre les décideurs.

Anayah Phares, une ancienne jeune prise en charge, et directrice du programme Cheers Mentorship, a parlé aux jeunes des défis de la transition à la fin de la prise en charge, ainsi que du besoin de rechercher du soutien, comme celui qu’offre son programme. « Ne vous trompez pas », leur a-t-elle dit, en ajoutant « Vous ne pouvez pas faire cela seuls. »

Marek Michalak, l’ombudsman pour les enfants en Pologne, et l’invité de l’Intervenant en faveur des enfants de l’Ontario, Irwin Elman, ont noté des changements historiques dans l’engagement des jeunes que ce rassemblement représentait. « Même il y a trente ans, la participation des jeunes dans les affaires civiques n’existait pas », a déclaré Marek Michalak aux jeunes assis à des bureaux réservés pour les conseillers de Toronto durant les assemblées municipales mensuelles. « Le droit à la libre expression est le droit le plus important, mais elle n’a pas été toujours aussi accessible. Et nous apprenons toujours comment promouvoir la libre expression des jeunes, parce que nous, les adultes, avons grandi dans un monde où on ne nous écoutait jamais en tant que jeunes, et où les adultes avaient toujours raison. »

Les jeunes ont fait entendre leur voix durant la Journée civique des jeunes

Les jeunes participants ont rapidement exprimé clairement qu’ils étaient très conscients de cette occasion historique, et qu’ils comptaient en tirer profit. Lorsque la séance de questions et réponses prévue avec l’Intervenant en faveur des enfants de l’Ontario s’est terminée par manque de temps, de nombreux jeunes ont mentionné que cette séance devrait être prolongée. « Cela est censé être notre journée, mais les gens ne font que nous parler », a déclaré Ashley, une ancienne jeune prise en charge. « Personne ne nous écoute, et nous avons des problèmes dont nous aimerions vous parler, mais nous sentons que vous nous empêchez de parler. »

En réaction, les organisateurs de l’événement ont adapté le programme, de sorte que les jeunes puissent avoir plus de temps pour parler d’enjeux de représentation qu’ils voulaient aborder, relativement à leur expérience dans le système du bien-être de l’enfance. Voici certaines des préoccupations soulevées :

  • « Les parents d’accueil doivent recevoir une meilleure formation culturelle. Je suis d’origine somalienne et éthiopienne, mais je n’ai aucune idée de ce que cela signifie. »
  • « Je lutte contre mes problèmes de santé mentale, et je crois que les foyers d’accueil ont besoin de plus d’aide pour s’occuper de nos problèmes de santé mentale. »
  • « On doit nous le dire plus à l’avance lorsqu’on nous transfère dans un nouveau foyer d’accueil. C’est vraiment injuste qu’en revenant de l’école, on nous dise de faire nos valises. »
  • « J’aurai 21 ans l’année prochaine, et j’ai besoin de plus d’aide de la part de mes intervenants au sujet de toutes les possibilités d’aide financière offertes pour m’appuyer dans ma transition. J’ai besoin d’aide pour jongler avec les frais de scolarité et de logement, mais il y a tellement d’intervenants qui ne connaissent rien de toute l’aide financière qui est offerte et des dates limites pour soumettre une demande. »

Les jeunes se sont aussi demandé si le fait de faire entendre leur voix dans la vie publique était suffisant. « Je n’ai aucune assurance que des changements seront effectivement apportés après que j’ai parlé. », a dit Pauline à l’Intervenant en faveur des enfants de l’Ontario. « Comment pouvons-nous savoir que lorsque nous disons quelque chose, cela mènera réellement à des changements? »

Irwin Ellman a rappelé aux jeunes l’importance de l’impact que leurs commentaires ont déjà eu sur le système du bien-être de l’enfance. « Vous êtes venus à l’Assemblé législative avec 200 suggestions de modifications pour la nouvelle Loi sur les services à l’enfance, à la jeunesse et à la famille, et la loi exige maintenant que chaque décision pour chaque enfant et jeune inclue leur participation véritable. C’est la loi, et cela ne se serait pas produit sans votre voix. » Elman a aussi rappelé aux jeunes que la Journée civique des jeunes annuelle est devenue statutaire par suite de recommandations des jeunes durant les Youth Leaving Care Hearings en 2012. « Aujourd’hui, toute la province pense à vous et vous chérit, et nous vous demandons comment nous pouvons faire mieux. Et cette journée n’aurait pas eu lieu si les jeunes n’étaient pas allés à l’Assemblée législative et qu’ils n’avaient pas dit : ‘’Nous pouvons faire mieux en Ontario!’’ »